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Catégorie : Pratique et techniques de la CM
8 mai 2023

Les fumées de soudage #1– Généralités et évolution de la réglementation

Au cours des dernières années la réglementation vis-à-vis des valeurs limites d’exposition (VLEP) pour certains agents chimiques a évolué (voir code du travail article R4412-149 et l’arrêté du 30 Juin 2004 établissant la liste des valeurs limites d’exposition professionnelle indicatives en application de l’article R. 4412-150 du code du travail dans sa version en vigueur). Ces évolutions ont un impact sur le travail en atelier de construction métallique. En particulier, les valeurs limites d’exposition professionnelle (VLEP) vis-à-vis du manganèse, du chrome hexavalent et du nickel ont été baissées. Ces agents chimiques apparaissent, entre autres, lors du soudage et des opérations telles que le parachèvement des pièces soudées (découpe, ponçage, formage, meulage …). Cependant, il existe des solutions efficaces pour protéger l’ensemble des salariés.

Ce premier article vous propose de faire le point sur le contexte réglementaire. Un second article, à paraitre prochainement, vous donnera des solutions permettant de protéger efficacement le personnel.

Il est à noter que depuis début 2023, les équipes du CTICM proposent un programme d’accompagnement destiné aux entreprises de construction métallique qui souhaitent mettre en place des solutions pour limiter l’impact des fumées de soudage.

Pourquoi se préoccuper des fumées de soudage ?

Lorsque les métaux sont chauffés à des températures élevées en soudage par fusion (exemple : 10 000°C pour le soudage à l’arc électrique), des composants volatils et des particules sont libérés dans l’air sous forme de fumées, provenant des produits d’apport et des revêtements résiduels de surface. Jusqu’en 2017, le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) classait les fumées de soudage comme cancérogène de catégorie 2B (agent pouvant être cancérogène pour l’homme). Mais en 2018, la classification a été modifiées : les fumées de soudage sont désormais considérées comme « cancérogène avéré pour l’homme » (catégorie 1).

À la suite de cette modification, la valeur limite d’exposition (VLE) a été abaissée pour le manganèse (Mn) en septembre 2019 (application effective depuis juillet 2020). De plus, pour le nickel (Ni), une nouvelle valeur de la VLE est prochainement à prévoir dans le cadre de la révision de la directive 2004/37/EC concernant la protection des travailleurs par la Commission européenne :

  • jusqu’au 17/01/2025 (période de transition) la valeur applicable est de 0,1mg/m;
  • au-delà de cette date, les valeurs de 0,05 et de 0,01mg/m3 seront applicables pour les fractions inhalables respectivement alvéolaires.

Rappelons que la valeur recommandée précédemment était de 1mg/m3 (VLEP-circulaire – voir aussi Fiche toxicologique n° 68 de l’INRS).

Enfin, le 15 février 2022, l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire, de l’environnement et du travail) a émis un avis renforçant le caractère causal entre l’exposition aux fumées de soudage et certains cancers (larynx, poumons …).

Que contiennent les fumées de soudage ?

Les fumées de soudage apparaissent lors de la fusion atteinte par les hautes températures appliquées. Elles peuvent alors être inhalées par les soudeurs et les personnes travaillant à proximité.

Ces fumées sont composées de gaz, de poussières de particules métalliques et d’oxydes métalliques d’un diamètre généralement inférieur à 0,1 micron soit des particules ultrafines qui pénètrent jusqu’aux alvéoles pulmonaires de l’organisme. Globalement, 95% des constituants des fumées de soudage proviennent des produits d’apport. Il est donc très important de connaître la fiche de données de sécurité des produits utilisés.

Zones respiratoires atteintes selon la taille des particules fines

Les composant des fumées de soudage ont diverses sources et sont de diverses natures. En voici quelques exemples :

  • Gaz protecteur : argon, hélium, dioxyde de carbone ;
  • Gaz émis lors des opérations de soudage : monoxyde de carbone, ozone, oxydes d’azote ;
  • Produits émis lors de la dégradation thermique ou photochimique des revêtements de pièces ;
  • Les poussières : particules métalliques et d’oxydes métalliques
  • Oxydes de fer, manganèse, aluminium, nickel, zinc, cadmium, béryllium, cobalt, potassium, plomb, cuivre….
  • Dioxyde de thorium, titane…
  • Composés du chrome VI, baryum…

Il existe de nombreuses solutions qui sont susceptibles de réduire l’effet des fumées de soudage sur la santé des personnes exposées. Nous vous présenterons, dans une seconde partie, des solutions qui ont fait leur preuve.

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André Beyer, directeur de projet recherche, CTICM et Philippe Morin

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