Performances thermiques des bâtiments #2 : ponts thermiques et solutions
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Définition
Les ponts thermiques sont des lieux de fuites de chaleur vers l’extérieur ce qui dégrade les performances thermiques du bâtiment. Il s’agit d’une partie de l’enveloppe du bâtiment où la résistance thermique, par ailleurs considérée uniforme, est modifiée de façon sensible par une absence, une discontinuité ou une dégradation locale de l’isolation (poutre métallique traversant la façade, attaches métalliques traversant l’isolant, etc.).
Il existe deux types de ponts thermiques :
- les ponts thermiques linéiques (y en W/(m.K)),
- les ponts thermiques ponctuels (c en W/K).
Les ponts thermiques peuvent se situer au niveau d’une paroi de l’enveloppe du bâtiment et sont alors appelés ponts thermiques intégrés. Situés aux jonctions entre parois de l’enveloppe, ils sont appelés ponts thermiques de liaison.
Les ponts thermiques intégrés sont pris en compte dans le calcul du coefficient de transmission surfacique Up d’une paroi (voir Partie 1 de l’article).
Les ponts thermiques de liaison sont pris en compte dans l’évaluation des performances énergétiques du bâtiment.
En plus de l’impact sur les performances thermiques du bâtiment, les ponts thermiques peuvent être sources de pathologies diverses comme l’apparition de salissures et le développement de moisissures. En effet, les surfaces internes se refroidissent à proximité du pont thermique, ce qui amplifie le risque de condensation superficielle à cet endroit (voir article sur la condensation).
Évaluation des ponts thermiques
Les ponts thermiques doivent être évalués numériquement selon la norme NF EN ISO 10211. Pour un bâtiment existant, un diagnostic thermographique permet de détecter les ponts thermiques présents dans l’enveloppe et ainsi d’envisager des solutions de traitement pour les mettre en œuvre à l’occasion d’une réhabilitation de l’enveloppe.
Correction des ponts thermiques
Les ponts thermiques impactent fortement les performances énergétiques d’un bâtiment. Leur correction (réduction de leur impact) est nécessaire pour réaliser des bâtiments performants. Les solutions dépendent de la localisation du pont thermique et de la nécessité ou non de transférer des charges mécaniques par la solution de correction.
Complément d’isolation aux niveaux des jonctions des parois
Les ponts thermiques les plus courants sont ceux situés aux niveaux des jonctions entre parois de l’enveloppe : liaison façade/dallage, façade/façade (angle), façade/toiture, etc.
Pour ces ponts thermiques, un complément d’isolation, bien mis en œuvre, est souvent suffisant pour réduire les déperditions thermiques.
Rupteurs de ponts thermiques
Les rupteurs de ponts thermiques ou encore rupteurs thermiques sont des éléments particuliers destinés à réduire les déperditions thermiques (pertes de chaleur) par les ponts thermiques, et ainsi à améliorer les performances énergétiques du bâtiment. Ils doivent, généralement, assurer le transfert de charges mécaniques.
Les rupteurs thermiques peuvent être soit des produits manufacturés proposés par des industriels, soit des solutions fabriquées et mises en œuvre par les entreprises. Ces derniers, sont souvent désignées ‘rupteurs de chantier’ ou encore ‘réducteurs de ponts thermiques’ pour les distinguer des produits manufacturés.
Rupteurs thermiques manufacturés
Pour les usages en construction métallique, les rupteurs les plus connus sont ceux développés et commercialisés par l’entreprise Schöck. Ces rupteurs ponctuels sont généralement composés de blocs d’isolants en polystyrène de 80 mm d’épaisseur, traversés par des tiges filetées en acier inoxydable avec des écrous et rondelles. Ces rupteurs sont destinés à être mis en œuvre entre platines d’about (assemblage acier-acier) ou entre platines d’about et support (assemblage acier-béton).
Réducteurs de ponts thermiques
Les réducteurs de ponts thermiques suscitent aussi beaucoup d’intérêt. Basées sur la mise en œuvre de matériaux de faible conductivité thermique (PVC, bois, etc.), ces solutions simples offrent de bonnes performances, sachant qu’elles sont moins chères que les rupteurs industriels et beaucoup plus faciles à mettre en œuvre. Il convient néanmoins de n’utiliser que des matériaux dont les performances ont été validées.
Pour plus d’informations sur les réducteurs thermiques, voir les articles sur le sujet dans Revue construction métallique.
Amor Ben Larbi, directeur de projets de recherche – CTICM